Couleur des mots...

Couleur des mots...

Les lisières - Olivier ADAM

 

 

 

Les Lisières est un récit à la première personne mettant en scène un écrivain, Paul, qui se débat dans sa vie. La quarantaine, deux enfants, divorcé mais toujours amoureux de son ex, hormis les bouffées d'air qui lui apporte les bambins, Paul est noyé dans un vide émotionnel.

Pour s'en sortir, ce ne sera pas du côté du travail, car l'inspiration l'a quitté depuis quelques temps, au grand dam de son éditeur. En revanche, Paul se décide à fouiller son passé et remonter aux sources de sa maladie, son malaise permanent. Ceci l'amène à revoir ses amis de banlieue, à faire l'amer constat de leur difficile situation, mais aussi à repenser ses amours lycéens déçus et pourquoi pas, rattraper le temps et les occasions perdus. Une quête en arrière qui le conduit au domicile familial, affronter la froideur d'un père ouvrier et râleur, tandis que sa mère hospitalisée et défaillante mentalement, lâche un secret enterré depuis longtemps. 

 

Adam brasse de nombreux sujets. Bien évidemment il faut adhérer au côté irrémédiablement psychologisant du texte, qui est consacré en grande partie à l'analyse et l'autoanalyse du narrateur tourmenté. Mais l'enchaînement des mots, des sensations et autres réflexions, coule de source, et l'on doit ici rendre grâce à l'écrivain maître de lui et de sa plume. On retrouve de nombreux thèmes comme la nostalgie du premier amour, la joie de l'amour parental, les relations distantes avec le père, le bilan de sa jeunesse, la redécouverte de la famille, la jalousie de l'ex.

 

Les Lisières est un titre parfaitement adapté à ce qui est abordé en profondeur dans le texte. Si le narrateur est un homme au bord de son gouffre intérieur, c'est peut-être aussi qu'il se place à la marge de tous les milieux dans lesquels il évolue ou a évolué. Olivier Adam analyse ici la trajectoire d'ascension sociale et culturelle de son narrateur, qui rejette en partie son héritage populaire tout décriant le milieu littéraire type Saint-Germain des Prés.

Nulle part chez lui, observateur de la frontière, c'est ce positionnement inconfortable qui est à la racine du mal dont souffre Paul.

 

Les portraits mettent en scène cette working-class de banlieue qui trime jusqu'à l'aliénation et souffre dans l'indifférence. Le choix d'Olivier Adam pour une langue orale crue, parfois vulgaire rajoute indéniablement en crédibilité. Pour revenir au personnage principal, l'accumulation des références culturelles et autres, font également de Les Lisières, une radioscopie particulièrement précise de notre époque, de nos goûts, que notre narrateur de la lisière regarde souvent de manière ironique renvoyant tous les camps culturels, sociaux et politiques dos-à-dos.

 

C’est bien écrit, intéressant et accrocheur jusqu'à sa conclusion, même si j’étais un peu perdu dans le deuxième tiers de l’ouvrage tout comme Paul…

Un soupçon d’agacement sur les positions socio politique de Paul parfois trop tranchées…

De nombreux échos à « Je vais bien ne t’en fais pas ».

Un bel ouvrage de la rentrée littéraire !

 


 

Une interview d'Olivier ADAM :

 

http://www.france24.com/fr/20120905-litterature-olivier-adam-bookcrossing-rentree-litteraire



14/09/2012
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 35 autres membres