Couleur des mots...

Couleur des mots...

Les points clefs du yoga - Extrait de mon mémoire.

Les points clefs du yoga : âsana, prânâyâma, dhârana

 

Le travail du yoga est un apprentissage de l'attention, de la concentration, et ainsi de la quiétude mentale. Chaque geste devant être conscient, l'esprit tourné vers le corps, la sensation, le geste et la respiration, le mental est poussé à se taire. Chaque seconde, il faut rester présent et l'enchaînement des mouvements évite de laisser s'échapper l’esprit. En emmenant la conscience dans le mouvement et la respiration, le yoga réunifie l'être.

 

Les âsana (les postures de yoga)

La pratique du Hatha yoga est une expérience de consentement à vivre l’altérité vivante qui nous fonde.

Le yoga nous demande la difficile posture de voir les deux côtés, les deux dimensions de notre être (viveka) et de travailler sur leur relation. Non d’en enlever une, ni de les unir, elles le sont déjà par samyoga (mettre sous le même joug).

L'équilibre, maître mot du yoga, peut être illustré par cette phrase de la Bhaghavad Gita : "Celui qui mange trop et celui qui ne mange pas assez, celui qui dort trop et celui qui ne dort pas assez, celui qui travaille trop et celui qui ne travaille pas assez, celui-là n'atteindra pas l'équilibre ou l'union avec la réalité".

Selon la traduction de Gérard Blitz d'un aphorisme de Patanjali, âsana c'est "être fermement établi dans un espace heureux".

L'état d'âsana ne peut s'établir que grâce à des points de fermeté mais aussi dans le relâchement des tensions inutiles (musculaires, respiratoires, mentales). C'est un équilibre qui se situe entre l'effort et la détente, le faire et le lâcher prise, l'intention ferme, la vigilance et la disponibilité, le détachement. Ce point d’équilibre est toujours et sans cesse à renégocier.

Les postures d'équilibre en sont un exemple parfait : "crispé dans la volonté de tenir, on trébuche; trop détendu, peu vigilant, on ne tient pas non plus" (commentaire de Françoise Mazet des Yoga-sûtra). "Le yoga est l'arrêt de l'activité automatique du mental", selon la définition de Patanjali. Voilà le chemin du yoga, le silence intérieur. En nous libérant des automatismes, le yoga nous révèle notre capacité d’être".

L'expérience qu'apporte le yoga est traduite principalement par le mot "relation".

Le Yoga pour moi, c’est une relation avec de l’espace pour que chacun puisse respirer et avoir la liberté, ce qui m’a manquée étant enfant. Elle ne s'apprécie que quand elle entre dans tous les "actes" de notre vie.

Le yoga n'est pas une technique d'évasion, il exige au contraire que l'on soit présent ici et maintenant, ancré dans le réel, ancré dans le geste.

 

Le Prânâyâma (la respiration énergétique)


Selon Litta BASSET, en hébreu, le premier sens du mot « spiritualité », du latin spiritus « esprit », c’est « souffler, respirer » : dès lors que l’on s’interroge sur sa vie, on est dans la spiritualité. Par ce qu’il y a quelque chose en nous qui bouge : on est « déplacé » par un souffle inconnu.

Le souffle est la charnière visible entre les plans physiques, psychiques, émotionnels, spirituels : "L'air tisse l'univers, le souffle tisse l'homme" (Atharva Veda).

Prânâyâma signifie dompter, apprivoiser la force de vie, l'énergie vitale. La pratique nous offre un grand nombre de moyens pour agir sur la respiration afin de la transformer en un souffle subtil et profond.

Ce qui est essentiel ce n'est pas de modifier la qualité du souffle. Spontanément, nous limitons les échanges, nous avons une respiration de surface qui ne met pas en circulation un air stagnant dans le fond des poumons. Nous le faisons de manière inconsciente, et souvent de manière incorrecte. La respiration (complète) façonnée est la base du prânâyâma, elle permet d'utiliser les trois niveaux respiratoires : la respiration basse ou abdominale, la respiration moyenne ou diaphragmatique et la respiration haute ou claviculaire. Elle est une invitation pour la conscience à prendre part à ce mouvement en soi-même qui se rend de plus en plus libre en traversant les plis et les replis du corps.

Le prânâyâma, par des exercices simples, libère la respiration (par exemple, par les pauses respiratoires, le retour au rythme du corps) et par là même, améliore le fonctionnement des organes, masse des organes internes, stimule des capacités respiratoires, découvre notre capacité d’expire avec la détoxication et le rééquilibrage du système nerveux qui vont avec, et régule l'énergie.

Par le prânâyâma, la régulation du souffle a une influence sur le mental : le calme du souffle comme une vague se transmet à l'esprit, de même l'énergie du souffle lui transmet sa force (à l'esprit). Dans ces divers aspects, le Hatha yoga est par nature psychosomatique, c'est une pratique qui agit de manière interactive entre physique et mental.

Les techniques de prânâyâma, qui relèvent d'un processus de purification, développent la capacité de concentration et de canalisation de l'énergie mentale. Selon Patanjali, la pratique du prânâyâma conduit à la faculté de concentration. On peut considérer que le but du prânâyâma est bien la maîtrise de l'activité mentale. Au centre du travail de prânâyâma, la suspension du souffle ou rétention, cet espace-temps à la fin de l'inspiration comme de l'expiration, permet de retrouver le vrai rythme du corps auquel nous sommes accordés quand le mental ne le modifie plus. Cette "immobilité respiratoire" vient se lier et aider l'immobilité du corps dans la pratique ("posture stable et confortable": Patanjali) et c'est ainsi que l'on peut s'intérioriser et laisser se manifester "le silence", la relation enfin établie avec le subtil.

 

 Dhârana (la concentration)


 La concentration comme les exercices de prânâyâma permet de réguler les émotions, de prendre du recul par rapport aux conflits qui nous agitent. La concentration est source d'équilibre et d'ouverture : "Ces pouvoirs de l'esprit sont comme des rayons de lumière dispersés, une fois concentrés, ils illuminent" (Vivekananda).

C'est à peine si nous nous rendons compte de ce qui nous occupe, tant les projets, souvenirs, mots, images se succèdent, se chevauchent dans notre esprit. La concentration indique au mental le chemin d’un silence, ou tout au moins d’un calme reposant car se parler à soi-même est presque aussi fatiguant du point de vue nerveux que de parler tout court.

Patanjali dans les Yoga sûtra insiste sur les nombreux obstacles à la concentration comme l'inconstance, le doute, l'anxiété, la dispersion…

Son remède est celui là : "centrer sa pratique sur un objet unique". La concentration implique un support. Elle est souvent comparée au tir à l'arc comme dans le Mahâbhârata où Arjuna est mis en compétition avec d'autres Princes par Drona.

Vouloir tout de suite ne penser à rien (silence intérieur) crée un espace où tout s'engouffre (souvenirs, projets…), on obtiendra souvent un meilleur résultat en donnant un aliment et un seul au mental.

L'apprentissage de la non dispersion se fait dans la pratique des âsana où l'on suit un fil conducteur. Elle peut s'exercer de très nombreuses manières : par exemple, par la répétition du mantra "MA" par exemple de manière audible, puis intériorisée en la synchronisant avec le souffle.

Les techniques de prânâyâma (nadhi sodhana, ujjayi…) sont pour moi importantes pour obtenir le calme mental. La concentration, dhârana, est une pratique, un outil qui fait partie des "étapes" du yoga (dans l'Ashtanga yoga, elle est le sixième membre). Il n'existe pas de solution de continuité entre une concentration menée à son terme, sorte "d’incandescence" et la méditation elle-même (dhyâna est la septième étape).

"Se concentrer sur un objet (intérieur ou extérieur), c'est chercher à le connaître; mais c'est surtout apprendre à se connaître soi-même par la concentration ».

La concentration nous donne l'occasion d'acquérir une finesse d'attention, une présence intérieure. Ne plus faire ces actes dans l'inconscience, ou l'écartement psychique, c'est être conscient que ce que je suis ne se trouve ni ailleurs, ni plus tard. Quand le mental n'est plus happé vers l'extérieur, il arrête de s'identifier à cette vie extérieure ; on retrouve alors le chemin intérieur.



19/08/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 35 autres membres