Couleur des mots...

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Rompre le charme..

Rompre le charme – Amanda STHERS

 

«Je n'ai jamais rien écrit sur elle. Il n'y a pas d'ombre maternelle dans mes livres. Rien à dire sur les gens qui nous ont fait du bien. C'est injuste mais c'est ainsi. Tu comprends maman ? C'est comme en amour, on aime mieux ceux qui nous ont fait du chagrin. J'ai trouvé des tas de phrases pour ne pas t'avouer que tu étais morte. Des tas de phrases en l'air mais rien d'encre, rien de papier, rien qui fixe tomme une pierre tombale.
Avec ce livre, je me dis que les graves de ta voix vont revenir et ton visage aussi. Je me dis que ce roman c'est comme des lunettes et que la vie redeviendra comme avant quand il sera assez épais pour que je monte dessus et que je voie toute cette histoire d'en haut avec le grand rire d'une petite fille de six ans qui a peut-être tout inventé.»

L’oncle Benoit se suicide lorsqu’elle a six ans. Le demi-frère de sa mère s’est tué, et par ricochet, la mère d’Amanda est devenue une morte vivante avec le cœur «anesthésié».

L’aînée de la fratrie écrit »pour l’enfant de six ans qui voudrait retrouver sa mère».

Divorce des parents, mensonges et trahisons. «Grandir c’est se taire». Benoît vient hanter les rêves d’Amanda qui cherche la délivrance.

Amanda Sthers rompt le charme morbide en écrivant ce livre douloureux.

Elle fait, notamment, un voyage au pays de l’enfance de sa mère, Viviane, sur ces terres malgaches pleines de rituels.

La narratrice protège son jeune frère Noé, violoncelliste, en exorcisant sa peur. La peur de reproduire le schéma.

Sauver Noé en «récurant» la famille. L’écriture comme délivrance; le livre comme un électrochoc. Culpabilité de l’auteur, tout au long du roman: «écrire c’est dégoûtant», c’est «fouiller dans les poubelles du cœurs». Les thèmes du mensonge, du secret de la naissance et de la mort, de la transmission familiale et du divorce sont omniprésents.

Roman puissant où une fille donne naissance à sa mère. Elle y raconte pourquoi sa mère vivante est en fait morte...

Récit très introspectif, un « accouchement aux forceps » de sa propre liberté « je sais que ce n’est pas l’épuisement qui me fait vomir. Je sais qu’il y a une vie en moi. Je sens intimement ce deuxième corps dans le mien et cette fois ce n’est pas mon oncle »,

Une écriture directe parfois brutale.

J’ai découvert cet auteur en l’écoutant présenter son ouvrage lors d’une émission radio. Ces mots-maux me semblaient apaisés et apaisant, son livre est tout sauf cela. Je l’ai perçu comme un électrochoc- un feu d’artifice de ses démons qui me laisse un arrière gout pas très sucré…

Je pensais retrouver la verve et la juste distance de «Rien ne s’oppose à la nuit « de Delphine de VIGAN que j’ai beaucoup apprécié.

Amanda STHERS, elle, a une approche beaucoup plus brute de ses sentiments et une histoire moins digérée qui donne un résultat intéressant mais néanmoins pas très léger.



11/06/2012
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